BELGIQUE
Quand le futur Premier ministre
confond "Brabançonne" et "Marseillaise"
NOUVELOBS.COM | 23.07.2007 | 13:13
En
confondant l'hymne national belge avec l'hymne national français, Yves
Leterme, le chrétien-démocrate flamand chargé de former le gouvernement
belge, a déclenché un véritable scandale dans son pays.
Yves Leterme, le futur Premier ministre belge (Sipa) Yves
Leterme, le dirigeant du parti chrétien-démocrate flamand (CDV) chargé
de former le gouvernement belge, a déclenché un scandale dans son pays
en confondant, samedi 21 juillet, volontairement ou non l'hymne
national belge, "La Brabançonne", avec "La Marseillaise".
Interrogé par la chaîne de télévision publique de langue
française RTBF sur ce que commémorait la fête nationale belge célébrée
le jour même, Yves Leterme a répondu : "la proclamation de la
constitution".
"Allons enfants de la patrie"La bonne réponse aurait dû être la prestation de serment de Léopold Ier
comme roi des Belges le 21 juillet 1831. Mais 80% des Belges, et
beaucoup d'hommes politiques, ne le savent pas non plus, selon un
sondage.
L'affaire s'est cependant corsée lorsque la RTBF lui a ensuite demandé
d'entonner l'hymne belge, et qu'Yves Leterme, a commencé avec "Allons
enfants de la patrie", l'air révolutionnaire français.
Le reporter de la RTBF lui demandant s'il en était sûr, le futur Premier ministre belge a répondu: "Oh, je ne sais pas".
"Trop, c'est trop"Yves Leterme a encore attisé l'affaire lorsque, devant l'insistance des
médias francophones à revenir sur le sujet, il a lâché avec énervement
: "J'ai autre chose à faire que ces foutaises. Je crois qu'ils me
cherchent. Qui me cherche le paiera tôt ou tard".
Lundi 23 juillet, la presse belge se faisait largement écho de cette "bourde".
"Leterme chante faux" titre le quotidien francophone
Le Soir, tandis que le quotidien
La Dernière Heureaffirme "Leterme : Trop, c'est trop", et publie un sondage selon lequel
l'homme fort de la Flandre et ses alliés du petit parti indépendantiste
flamand de la NVA "inquiètent les francophones".
Dans un commentaire,
Le Soir estime que "ce n'était pas une blague belge", mais "on pourrait craindre que ce soit un message subliminal aux francophones".
Côté flamand, le grand journal de référence,
De Standaard, qui parle de "bourde" et le plus fort tirage du pays, le populaire
Het Laatste Nieeuws, en font également leurs grands titres.
L'actualité politique éclipséeAprès les élections du 10 juin où son parti le CDV, associé au petit
parti indépendantiste de la NVA, a remporté 30 des 150 sièges de la
Chambre des représentants, Yves Leterme a été chargé le 15 juillet par
le roi Albert II de former le gouvernement.
Mais la polémique sur la Brabançonne a éclipsé largement lundi
l'annonce faite dimanche soir par Yves Leterme qu'il avait réussi à
mettre au point le document devant servir de base aux négociations en
vue de constituer une coalition chrétienne-démocrate/libérale.
Interprétée comme une nouvelle provocation gratuite dans les secteurs
francophones, la performance d'Yves Leterme ne va sans doute pas
améliorer son image dans cette partie de l'opinion belge.
Cette image avait déjà été mise à mal par une interview accordée au journal français
Libération avant
les élections, dans laquelle il avait déclaré que "la Belgique n'est
pas une valeur en soi" et que les francophones belges ne semblaient
"pas en état intellectuel" d'apprendre le flamand.
Or, les négociations qu'Yves Leterme entame cette semaine risquent de
buter sur les aspirations des néerlandophones à un nouveau transfert de
pouvoirs en faveur de la Flandre (nord) auquel les francophones de
Bruxelles et de Wallonie (sud) sont a priori hostiles.